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Agro-écologie Le rapport du Cese rejeté par les agriculteurs du conseil économique et social

Le rapport du Cese sur la transition agro-écologique est jugé trop stigmatisant par les agriculteurs membres de l'institution. (©Watier visuels)

Même s’il souligne certaines pistes intéressantes pour « développer les pratiques agro-écologiques », le projet d’avis du Conseil économique, social et environnemental sur la « transition écologique » suscite un tollé chez les agriculteurs membres de l’institution.

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Le rapport du Cese sur la transition agro-écologique est jugé trop stigmatisant par les agriculteurs membres de l'institution. (©Watier visuels)

Si, à quelques mois de la fin de son mandat, Stéphane Le Foll cherchait auprès du Cese un soutien du monde agricole à son projet agro-écologique, c’est plutôt raté.

Suite à la saisine du ministre de l’Agriculture, le Conseil économique, social et environnemental a voté mercredi 23 novembre 2016, à une très large majorité, un avis sur « la transition agro-écologique », visant à mieux en définir les enjeux et les pistes de progrès. Mais avant même sa présentation officielle et son vote au Palais d’Iena, le groupe Agriculture du Cese (1) a expliqué dans un communiqué que le rapport constituait une stigmatisation de la profession agricole, proposant « plus de complexité et plus de réglementation ».

Sur le fond, le projet de rapport présenté par Cécile Claveirole, consultante et journaliste en agriculture et environnement, suggère quelques réflexions et pistes en faveur d’une « transition agro-écologique ». Sur la définition même de ce qu’est l’agro-écologie, la rapporteure suggère de préciser cette définition, en fixant des indicateurs de suivi pour mieux en évaluer les progrès, tout en rappelant l’importance de la viabilité économique durable des exploitations agricoles et des emplois associés.

Le Cese envisage de réorienter les priorités de la recherche, notamment de l’Inra vers la recherche agro-écologique, ainsi que d’adapter tous les dispositifs de formation – initiale et continue – à l’agro-écologie.

Surtout, le Cese veut réorienter les politiques publiques et les aides nationales et européennes pour favoriser les pratiques agro-écologiques. Une réorientation qui se traduirait notamment par un plafonnement des aides proportionné au nombre d’actifs agricoles, ou par l’instauration d’obligations de résultats et non seulement de moyens quant à la qualité des aliments et de l’eau. L’instance consultative propose même la substitution de soutiens actuels de la Pac en une aide alimentaire pour permettre aux foyers les plus modestes de consommer des « produits agro-écologiques ».

Un avis « stigmatisant » pour les agriculteurs

Ces propositions ont rapidement provoqué un tollé au sein du groupe Agriculture du Cese. Avant même la présentation et le vote du rapport, ce dernier, composé d’agriculteurs représentants différents organismes et syndicats agricoles, a exprimé son désaccord, dénonçant un avis qui « stigmatise la profession ». « Nous regrettons cette vision étriquée de l'agro-écologie qui ne tient pas compte des trois piliers du développement durable », ont-ils expliqué, évoquant particulièrement la dimension économique des exploitations, fortement mises à mal par les difficultés conjoncturelles. « Avec des pratiques agro-écologiques, la hausse de la valeur ajoutée dégagée par la baisse sensible des intrants et donc des charges de l’exploitation compense la baisse des rendements », a pour sa part rétorqué la rapporteure.

« Nous avons dit que pour relever tous les défis économiques, sociaux et environnementaux et nous engager plus largement encore dans l'agro-écologie, il nous faut plus d'innovation, plus de recherche, plus d'expérimentation au service des agriculteurs qui construisent aussi une expertise. Il nous faut renforcer les filières tout au long de la chaîne alimentaire. Il nous faut d'abord un vrai projet agricole européen qui ne soit pas mené uniquement par le droit de la concurrence », a expliqué Marie-Thérèse Bonneau, présidente du groupe Agriculture et vice-présidente de la FNPL. « Les agriculteurs sont déçus. Ils attendaient mieux sur un sujet auquel ils croient. »

L'avis du Cese a néanmoins été adopté avec 154 voix pour et seulement deux voix contre (et 26 abstentions).

 

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